Réaliser un commun numérique dans la sphère administrative

Retour sur une démarche de création et de participation à la création et l’enrichissement d’un commun numérique

L’Etat tente de plus en plus d’appuyer ses productions numériques en participant à des initiatives préexistantes ou en tentant d’élargir le cercle des participants traditionnels aux projets informatiques. Cette approche tend à pousser la collaboration entre organisations et à s’ouvrir vers d’autres modes de travail, savoir-faire et profils. C’est le partage qui permet d’augmenter la valeur intrinsèque du commun.

En novembre 2021, l’Etat a annoncé son plan d’action logiciels libres et communs numériques. Il vise à recenser et pousser les initiatives numériques participant à des communs numériques. Les administrations sont nombreuses à se lancer dans des initiatives semblables et unir leurs forces pour proposer des nouvelles ressources numériques. Les premières initiatives ont pu buter sur les enjeux de gouvernance. Aujourd’hui, on progresse avec une multiplication de ressources ouvertes et réutilisables (données, codes source, algorithmes).

Un commun désigne une ressource produite et/ou entretenue collectivement par une communauté d’acteurs hétérogènes, et gouvernée par des règles qui lui assurent son caractère collectif et partagé.

16/10/2019 - Programme société numérique : les communs numériques

Pour simplifier, un commun numérique est une ressource numérique gérée par une communauté avec des règles explicites (de gouvernance et de contribution).

20/10/2021 - Bastien Guerry - Points de repère sur les communs numériques

La Ressourcerie : retour sur l’amorçage et la réalisation d’un commun

Lors de la rédaction de la feuille de route ministérielle en matière de d’ouverture et de circulation des données, des algorithmes et des codes-sources, l’ensemble des participants a évoqué à un moment ou un autre la volonté de s’associer pour créer des ressources. Cette association pouvant être interne (entre services ou acteurs de la sphère travail) ou plus large (en intégrant d’autres organisations ou individus).

La création de communs, plébiscitée par tous, semblait devoir être incarnée pour montrer qu’il était possible de participer à une initiative qui nous dépasse, tout en gagnant du temps. La Ressourcerie est née de ce point de départ : se doter d’un “anti-catalogue” des initiatives et communs numériques de la sphère travail. Il s’agissait de lister les ressources et de raconter leurs usages concrets.

Rechercher une initiative à laquelle se raccrocher :

Il est évident aujourd’hui que la majeure partie des ressources numériques simples ont déjà été produites. Plutôt que réinventer la roue, il est très aisé de trouver des communs existants, vivants et des communautés accueillantes.

Vous pouvez mener vos recherches auprès des sites suivants :

Entrer en contact avec la communauté animant le commun détecté :

Pour la Ressourcerie, nous avons rapidement trouvé api.gouv.fr. Cette plateforme avait des fonctionnalités similaires et des ressources préexistantes à proposer.

Image Grâce au gros travail réalisé par l’équipe d’api.gouv.fr au sein de la DINUM (Direction interministérielle du numérique), nous avons pu avoir rapidement une ossature, quelques contenus et faire en sorte que nos contenus soient interopérables (une api ajoutée sur api.gouv.fr peut automatiquement être présente sur la Ressourcerie, inversement la DINUM peut présenter l’ensemble de nos contenus).

Apporter sa différence :

Notre conviction de départ était que cette Ressourcerie devait avoir pour objectif de s’adresser au plus grand nombre (sans forcément disposer d’un vernis technique ou numérique) et qu’elle devait permettre la mise en réseau des acteurs de la sphère travail. Nous nous efforçons depuis de préparer des contenus variés, des fonctionnalités et des contributions multiples.

  • Les contenus sont issus de production ministérielle et d’articles réalisés pour l’occasion
  • Nos entretiens utilisateurs nous ont permis de déterminer des fonctionnalités d’animation de communauté, par exemple :

Déterminer les règles de gouvernance (du produit et des ressources)

C’est le chantier que nous ouvrons. A ce jour, le mode de gouvernance est bien simple :

  • sont référencées toutes les ressources numériques ayant trait aux politiques publiques liées au travail, à l’emploi et l’insertion
  • sont accueillis tous les membres de la sphère travail intéressés pour participer, en proposant des ressources ou en en documentant les usages.
  • toute personne peut réutiliser la Ressourcerie ou proposer des modifications ou nouvelles fonctionnalités

Il s’agit aussi de diversifier les personnes concernées par le projet : agents publics (administration centrale, déconcentrée, opérateurs), chercheurs, ...

Quels sont nos premiers enseignements du lancement d’un projet de “commun numérique” ?

D’abord il faut souligner que l’initiative est porteuse, en quelques semaines nous avons réalisé une dizaine d’entretiens utilisateurs, recensé de nombreuses ressources et préparé une série d’articles de témoignages, retours d’expérience ou de vulgarisation. Surtout, les échanges directs avec les agents nous permettent de rebondir vers de nouvelles personnes, de nouvelles ressources, notamment à la maille territoriale. Nous entamons également un chantier avec l’INTEFP (l’Institut National du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle).

Lors de comités plus formels, la Ressourcerie est mobilisée comme lieu de partage, mutualisation, connaissances communes. De cette manière, un agent a permis à un autre d’utiliser un outil d’OCR-isation sans avoir à en faire un autre. Surtout on observe que nos interocuteurs parlent plus spontanément de tous les aspects (techniques et non techniques) de leur projet.

Ce chantier demande également un investissement certain pour participer à la communauté préexistante du commun ou bien de créer sa propre communauté.

C’est un point crucial : il faut du temps (et des personnes) pour s’investir, participer ou faire vivre un collectif, l’étoffer et le mobiliser sans s’essouffler.

Ensuite, on découvre des externalités positives. Même en avançant à bas bruit, nous trouvons des relais inattendus en :

Vous avez développé un commun numérique dans l’administration et vous voulez partager votre expérience ? Vous avez un cas d’usage à rajouter ? Faites part de votre expérience sur le Q&A Ressourcerie.

Cet article vous a intrigué et vous aimeriez adapter la Ressourcerie à votre contexte ? Nous pouvons en parler ensemble ! (ressourcerie@numericite.eu).

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